Robert d'Arbrissel fondateur de l'Abbaye
On ne peut parler de FONTEVRAUD sans évoquer l’abbaye et son fondateur Robert d’Arbrissel.
En 1097, ce prêtre breton, ancien professeur de théologie à Angers, fut nommé par le pape URBAIN II, prédicateur errant.
Il partit à l’aventure en prêchant, suivi par une multitude de personnes de tous âges, sexes et conditions.
En 1101, il s’arrêta dans ce vallon où l’eau (plusieurs fontaines) et des terres déjà cultivées permettent une implantation à cette nouvelle communauté. Ces terres sont données par Gautier de Montsoreau, vassal du comte d’Anjou mais sur le diocèse de Poitiers où Pierre, l’évêque est un soutient de Robert d’Arbrissel. Les abords de la communauté sont constitués de la forêt dite de Bort qui est le repaire de brigands dont le fameux Evraud. D’où l’origine du nom Fons (fontaine) Ebraldis (Evraud) qui donneront Fontevraud.
La troupe s’abrita dans des grottes creusées sur les pentes du coteau calcaire et dans des huttes de branchages. De ce premier campement va naître une importante communauté religieuse dont la règle inspirée de St Benoît. Cependant, des dons en argent, terre et matériaux affluent et Robert peut envisager de faire construire des bâtiments. Bientôt s’élèveront trois couvents de femmes et un couvent d’hommes formant chacun un quartier séparé avec église, cloître, dortoir …
Autour du monastère, le village des Roches existe déjà essentiellement en habitat troglodytique. Nombre d’ouvriers employés au défrichement ou aux travaux de construction vont constituer les prémices d’un bourg plutôt excentré, ils relèvent de la paroisse de Roiffé jusqu’en 1177. A cette date Fontevraud devient paroisse avec la construction de l’église, un immense cimetière est créé permettant de maintenir les laïcs à distance. Au fur et à mesure des habitations en cave apparaissent le long de voies de communications (actuelles rue St Mainboeuf, des Perdrielles, Les Lizandières et au sud de l’Abbaye l’Anerie et la rue des Potiers, au nord la Socraie près des Roches)
En 1549, l’Abbesse Louise de Bourbon obtient du roi Henri II, l’établissement d’un marché hebdomadaire (lundi) et de deux foires annuelles (St-Michel et St-Jean Porte Latine).
Elle fait installer une halle sur le cimetière et nomme un instituteur pour l’instruction des enfants.
En 1577, les foires sont portées à quatre par an (St-Hilaire, St-Jean Porte Latine, St-Jacques et St-Michel.) A cette date des habitations sont construites au nord de la rue Robert d’Arbrissel.
Au cours des siècles et jusqu’à la révolution, le rayonnement de l’abbaye rejaillira sur la ville et favorisera son développement. Le commerce et l’industrie sont alors florissants.
Au 17ème siècle, on dénombre cinq moulins et le commerce des blés et farines est considérable. La fabrication de creusets réfractaires en terre cuite prend de l’importance. La cité est un centre de poteries fines de faïence dites Henri II.
Cette grande activité a attiré bon nombre de personnalités, de sang royal ou ayant un lien étroit avec la cour de Versailles.
Notamment, le village eut souvent la visite de Mme de Montespan, venue voir sa sœur, l’abbesse Gabrielle de Rochechouart. Elle fit construire un ermitage ainsi qu’un hospice pour accueillir une centaine d’indigents.
De même, entre 1738 et 1750, Fontevraud accueillit les 4 quatre filles cadettes du roi Louis XV. En effet, elles furent élevées ici jusqu’à l’âge de 14 ans environ et pour les loger on fit agrandir Le Logis Bourbon, grand bâtiment relié à l’abbaye par un pont surélevé.
La Révolution entraînera la ruine de l’Abbaye livrée à la fureur de la population. Fontevraud ne retrouvera le calme qu’après la chute de Robespierre. Son marché aux grains sera rétabli et l’église St-Michel rendue au culte.
Napoléon et le centre pénitenciaire
En 1804, Napoléon fait de l’Abbaye une maison centrale pouvant contenir 1000 à 1200 détenus. Dix ans de travaux sont nécessaires avant qu’elle accueille ses premiers prisonniers. Fontevraud est alors considérée comme une des prisons les plus dures de France .
La présence du pénitencier conserve à la cité de Fontevraud un certain dynamisme économique.
A la fin du XIXe siècle, une usine à gaz fonctionnait, assurant l’éclairage du centre bourg et de la prison centrale.
Un tramway reliait SAUMUR à FONTEVRAUD, dès 1896 et cela jusqu’en 1923, à raison de trois trains par jour dans chaque sens.
Indépendamment des nombreux voyageurs l’empruntant, ce train permettait le ravitaillement de la prison et le transport des matières premières d’une part et des produits fabriqués par les prisonniers, d’autre part.
En 1963, l’Abbaye sera rendue au ministère des Affaires Culturelles qui entreprendra un des plus grands chantiers de restauration en France.
L'après 1963
En 1963, l’Abbaye sera rendue au ministère des Affaires Culturelles qui entreprendra un des plus grands chantiers de restauration en France.
Après le départ des détenus et des familles de gardiens, FONTEVRAUD failli devenir une ville morte mais le développement touristique c’est intensifier, redonnant un nouvel élan. De plus le camps militaire existant depuis longtemps, nombre de militaires appartenant au 2ème Régiment de Dragons habitent le village. Celle-ci compte actuellement environ 1566 habitants.
L’abbaye royale de Fontevraud se développa rapidement et abrita à son apogée plus de 600 nonnes et moines répartis en cinq monastères.
L’ordre fontevriste eut l’originalité d’être un ordre double dirigé par une abbesse à laquelle étaient subordonnés moines et moniales : elle tenait son autorité spirituelle du Pape et dépendait pour le temporel du Grand Conseil du roi. Après avoir bénéficié de la bienveillance des rois Plantagenêts d’Angleterre, ce qui est attesté par les textes mais aussi par la présence des Gisants d’Aliénor d’Aquitaine, de Henri II, de Richard Cœur de Lion et d’Isabelle d’Angoulême. De 1115 à 1792, trente-six abbesses gouvernèrent Fontevraud. Plus de la moitié furent de sang royal. En 1792, les nonnes et les moines sont chassés, l’abbaye est pillée.
En 1804 Napoléon Bonaparte décide d’y établir une prison centrale, l’essentiel des bâtiments sera ainsi préservé. L’abbaye a été remise au Ministère de la Culture en 1963. Elle a été dégagée des constructions pénitentiaires.
En 1975 le Centre Culturel de l’Ouest, centre culturel de rencontre, s’y est installé. Il a pour mission la préservation, la promotion et l’animation de ce monument exceptionnel. Il accueille près de 200 000 visiteurs par an.
Monuments et Patrimoine du village
La mairie
La mairie est une belle construction du XIXe siècle (1876). Elle fait vis-à-vis à l’entrée monumentale de l’Abbaye Royale, sur la place des Plantagenêts.
Elle a été édifiée sur l’emplacement d’une halle qu’avait installée l’abbesse Louise de Bourbon en 1549.
Dans les années 1960, avant son premier aménagement intérieur, un marché couvert s’y tenait (il a même été utilisé comme salle des fêtes).
Actuellement, pour répondre aux besoins de l’accroissement des tâches administratives, le secrétariat a été réaménagé de manière fonctionnelle.
La salle du 1er étage sert aux mariages et aux réunions du conseil municipal.
L’Eglise St Michel
D’abord chapelle, l’église Saint Michel est devenue paroissiale avec un curé nommé par l’abbesse parmi les moines de Saint-Jean de l’Habit. Construite au XIIe (vers 1170) à la demande de l’abbesse Audeburge et grâce aux largesses du roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt, et de sa femme, la reine Aliénor d’Aquitaine. Deux têtes sculptées dans la voûte du chœur près d’une nervure, à droite, pourraient bien les figurer. Elle a été agrandie au XVe puis au XVIIe siècle. L’autel en bois doré provient de l’abbatiale où il avait été érigé en 1621.
Fontevraud, auparavant rattaché au diocèse de Poitiers, se place sous l’autorité de l’évêque d’Angers dès 1177. L’Eglise St Michel se classe parmi les « églises accueillantes » d’Anjou.
La Chapelle Sainte Catherine et sa lanterne des morts
Au milieu du cimetière primitif des religieux de l’abbaye, à proximité de l’église paroissiale, est élever par la future abbesse Alix de Bourbon (peu avant 1208), une chapelle dédiée à Ste Catherine d’Alexandrie.
Elle est surmontée d’une lanterne des morts (XVe siècle) ajourée d’ouverture trilobées.
Un escalier construit dans le contrefort sud-ouest permettait chaque soir d’aller déposer un fanal dans le lanternon et d’accéder à l’ossuaire.
L’édifice est carré (8m de côté), chacun de ses angles est flanqué d’un contrefort qui lui donne un aspect de château fort. Il est recouvert d’un toit en pierre de tuffeau (actuellement recouvert de zinc) qui protège une élégante voûte Plantagenêt que l’on peut admirer de l’intérieur.
Au cours des siècles, elle assume plusieurs fonctions.
Après avoir été une chapelle funéraire jusqu’au transfert du cimetière des religieux dans l’enceinte de l’abbaye sous l’abbatiat de Renée de Bourbon, elle abrite «la maison du peuple » sous la révolution. Depuis 1823 elle est en domaine privé, à servit d’habitation jusqu’en 1938.
Achetée par un architecte parisien celui-ci fait restaurer le lanternon. Elle est classée monument historique en 1958.
Devant l’église St Michel, on peut encore voir des vestiges du cimetière primitif, sous la forme de couvercles de sarcophage en calcaire.
La chapelle Ste Catherine est la dernière construction de quelque importance que l’on note à Fontevraud datant du Moyen-âge.
Chapelle Notre Dame de Pitié
Située au carrefour de la rue de l’Ermitage et de la route de Couziers, se dresse une petite chapelle, Notre Dame de Pitié.
Elle fut érigée en 1579 par les « officiers » de l’abbesse qui voulaient par cet acte remercier la vierge Marie d’avoir épargné le village d’une épidémie de peste, précédée d’une grande famine.
Une procession avait lieu chaque année au 15 août.
L’extérieur et les vitraux (ils représentent les outils de la passion) ont été restaurés.
On peut remarquer au-dessus de la porte, le blason d’Éléonore de Bourbon, le toit est souligné à chacun de ses angles par des « pots à feu » sculptés en tuffeau.
Nous trouvons en ces lieux un havre de paix avec une vue bucolique sur l’abbaye et le village.
La fontaine Saint Mainboeuf :
A la construction de l’abbaye (XIIe), les habitations troglodytiques sont habitées par des tailleurs de pierres et c’est à partir de ce moment-là que la source devient une fontaine, où viendront puiser tous les gens du quartier des Roches jusqu’à la moitié du 20e siècle.
Son eau sort à la base de la colline, toujours limpide, sans se tarir, se répand dans un bassin, traverse sous la route pour alimenter à partir du 19e un lavoir.
La source est dédiée à St Mainboeuf qui aurait fait des miracles sur les aveugles d’où sa réputation d’avoir des vertus bénéfiques pour les maladies des yeux.
Elle a été restaurée fin 2000-2001 dans le cadre de la sauvegarde du petit patrimoine, on peut alors de visu prendre la mesure de son importance.
Les sources St Mainboeuf et surtout St Robert alimentent l’abbaye et le village dès son origine. Peu à peu la plupart des maisons ont leur puit ou tout au moins un puit de proximité dans chaque quartier. Au XIXe siècle, la rue Robert d’Arbrissel, voit de nouvelles demeures s’ériger à l’emplacement de l’ancien cimetière côté sud. Il faut pourvoir en eau cette population sans qu’elle ait recours au voisinage. La municipalité construit alors le puits communal actuellement place Bernard Triquier. Il est muni d’un système moderne utilisant une chaîne sans fin avec manivelle.
C’est un puits très profond, protégé d’un toit en ardoise à 4 pans, restauré en 1982.
Dans les années 1950, une partie de la source St Robert est captée, un château d’eau est construit sur la colline puis commencent les travaux d’adduction d’eau dans la commune.
Lavoir des Roches
Au lieu de tirer l’eau du puits pour faire la lessive, au XIXe siècle, les lavandières se rendent aux lavoirs qui voient le jour dans chaque village.
Fontevraud en possédait deux. L’un au sud, le plus petit mais le plus beau qui disparaît lors de travaux de voirie. L’autre se situe dans le quartier des Roches, derrière l’atelier du garagiste.
Vers 1965 les deux dernières laveuses le délaissent. Elles battaient le linge pour leur propre compte ou pour celui de clientes, par tous les temps tout en échangeant les potins locaux.
L’adduction d’eau, les machines à laver, rendent la tâche plus facile à domicile, le lavoir est déserté. Au fil des ans, les toits en vis à vis laissent s’envoler les ardoises, ils s’effondrent ; les piliers en tuffeau se disloquent.
L’eau claire de la fontaine St Mainboeuf traverse encore le bassin qu’un cantonnier venait vider chaque semaine pour le récurer.
En hiver le bouilleur de cru amenait là son alambic, il avait l’eau à portée de main. Alors commençait le défilé ininterrompu. L’animation était à son comble dans le coin. Dans ces jours de froidure, on se réchauffait en goûtant la gnole de l’année.
L’ancienne gare
L’ancienne gare
Un petit train dès novembre 1896 relie Fontevraud à Saumur avec arrêt dans chaque village de la côte.
Il transportait bien des voyageurs mais aussi des marchandises lourdes (charbons, tuffeau, vins etc…).
La prison centrale de Fontevraud avait besoin de recevoir des matières premières pour fournir les ateliers des détenus, et pouvoir expédier en retour les produits manufacturés.
Il s’arrêtait à la jonction de l’avenue Rochechouart et l’avenue des Roches. Le château d’eau, les voies de garage, les aiguillages et les bascules ont disparu. Il reste encore un hangar et la gare en brique légèrement modifiée.
Comme il se doit le café de la gare situé en face permettait aux voyageurs de se désaltérer au départ comme à l’arrivée ! Il prend par la suite le nom de « restaurant de l’Abbaye » puis « le Délice ». La reine mère d’Angleterre, en visite à l’Abbaye, y a pris une collation avec la princesse Anne dans les années 1960.C’est la seule gare parmi celles du réseau qui soit restée debout depuis la fin de l’exploitation du tramway en 1929.
Aujourd’hui maison particulière, Sa restauration date de 2006.
L’hospice de Madame de Montespan
A la fin de sa vie, madame de Montespan se rapproche de sa sœur abbesse, Gabrielle de Rochechouard. Elle fait construire un ermitage près d’une chapelle existante, on voit encore le portail muré et sur l’arceau duquel on peut encore lire actuellement avenue du 11 novembre :
« Le jour de St Bernard 1687, Madame de Montespan estant ici, a fait commencer ce bastiment et le mesme jour de St Bernard 1689, estant venue voir sa sœur, elle a fait présent de cet ermitage à la communauté et l’a accompagné d’une loterie. »
En même temps, elle projette de construire un hospice près de son ermitage qui prend le nom de la Sainte Famille. Madame de Montespan achète en 1700 le château d’Oiron et délaisse l’hospice de Fontevraud à partir de 1703. Celui de Fontevraud est cédé à l’abbaye par voie testamentaire, après la mort de Madame de Montespan en 1707.
Les pigeonniers
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Dans la rue de l’hôpital, à proximité de l’ermitage de madame de Montespan, s’alignent sur plusieurs mètres, au-dessus des arcades marquant l’entrée d’anciennes écuries, un nombre important de « boulins » : trous pratiqués dans les colombiers. Ce pigeonnier fait par l’abbaye apparemment dans la première moitié du XVIIIe après l’abandon de l’hospice. Durant les séjours des filles cadettes de Louis XV à Fontevraud, les bâtiments servent d’écuries pour les équipages et les nécessiteux y sont abrités (1740). A la révolution, la maréchaussée prend le relais, ensuite vendus en biens nationaux, ils sont encore occupés par différents propriétaires.
Portail Notre Dame de Liesse
Un mur sépare l’ancien cimetière du parc du Logis Bourbon. On discerne, inséré dans ce mur, un vieux portail sculpté qui donnait accès à une chapelle construite dans le parc Bourbon : Notre Dame de Liesse. Éléonore de Bourbon avait fait faire (début XVIIe siècle) un pont pour aller de son logis abbatial à la « vignerie ». Ainsi les religieuses pouvaient se rendre dans les « grands Jardins » sans sortir de la clôture et elle y fit ériger la chapelle de Bourbon dédiée à Notre Dame de Liesse ainsi qu’un logis « le Petit Bourbon ». Quand elle recevait des hôtes de marque, évêques et seigneurs, ils logeaient là. Aujourd’hui, la porte insérée dans le mur est ouverte. En passant sous le porche, on devine les vestiges de la Chapelle. Cette porte permet le passage entre le Parc Sainte Catherine et celui du Logis Bourbon. Les promenades des piétons et cyclistes sont ainsi favorisées.
Boule de Fort
En quittant la place du 8 mai pour se rendre à l’église St Michel, la société « des Tilleuls » accueille ses adhérents. Elle est l’un des 140 cercles de Boule de fort du Saumurois qui font partie du folklore local. Extérieurement, on joue à la pétanque et au palet, mais à l’intérieur la piste incurvée, autrefois en terre battue, a été recouverte d’un revêtement plastifié. Le doyen en 1990 a donné le premier coup de bêche pour la plantation du tilleul à l’occasion du centenaire de la création de la société. Au fond de la cour, un petit local s’anime au moment de l’apéritif, les jours de fêtes ou de compétition. On y vient faire une belote, échanger les nouvelles du village tout en vidant une fillette de « breton » : ici rien n’a changé depuis son origine. En réalité, il y avait « le cercle républicain » qui faisait concurrence mais qui arrêta ses activités après la deuxième guerre mondiale.
Il était surtout fréquenté par les ouvriers et petits artisans alors que « les riches » se rendaient à la société des Tilleuls.